La frontière, Don Winslow, Harper Collins – Chasse aux trafics de drogue
Bonjour à toutes et tous.
Aujourd’hui, je vous parle de « La frontière« , un roman noir de Don Winslow, traduction de Jen Esch.
Mon appréciation : ♥♥♥♥ / 5
Ma chronique sur Babelio : La guerre entre les gangs de narcotrafiquants fait rage en Amérique centrale.
Art Keller, agent de terrain de la DEA (l’agence des USA en charge de la lutte contre le trafic de drogues) contribue à entretenir cette guerre pour des raisons personnelles : il veut la mort d’Adán Barrera, le chef du gang sorti vainqueur des dernières batailles.
Alors que Keller est nommé à la direction de la DEA, la disparition, puis la confirmation de la mort, de Barrera aiguisent les appétits au sein de son clan.
De son côté, le nouveau directeur envisage une nouvelle approche de la lutte contre le trafic : plutôt que se focaliser uniquement sur les filières qui apportent les drogues aux USA, pourquoi ne pas essayer d’interrompre le flux d’argent qui finance le trafic ?
Waouh ! Quelle histoire ! Quand on lit la dernière centaine de pages du roman (plus de 1500 pages en version numérique) tout paraît simple. Mais que de péripéties avant d’en arriver là. Entre les luttes de clans du côté des trafiquants, les manœuvres pour devenir le revendeur dominant aux USA, les luttes d’influence politiques et les petites ou grosses compromissions entre ces cercles, on pourrait finir par se perdre… D’autant que l’auteur s’ingénie à raconter des histoires incidentes qui finissent plus ou moins par se croiser. N’y en a t’il pas un peu trop parfois quand même ?
Les personnages ont de l’épaisseur, souvent plein de contradictions, parfois droits et inflexibles (comme Marisol, l’épouse mexicaine de Keller, ou Rafael Caro, le vieux trafiquant qui se venge de ses années de prison en tirant les ficelles). Ils sont si nombreux qu’on finit par se demander comment l’auteur réussit à ne pas les confondre.
Même si les chapitres sont longs, voire très longs, le roman est très rythmé : beaucoup d’action et de changements de points de vue, des histoires secondaires, des retours dans le passé… On ne s’ennuie pas ! C’est bien écrit (et traduit) ; sans plus. Mais ce qui force l’admiration, c’est la capacité de l’auteur à mener à son terme une intrigue aussi alambiquée.
Pourquoi alors y a t’il un truc qui me chagrine ? Je dirais que c’est le ton et le discours moralisateurs que met Winslow dans la bouche de Keller. Que l’auteur ait envie de régler des comptes avec l’Amérique de Trump, je peux le comprendre. Mais pourquoi essayer de nous faire croire qu’il détient une, ou la, vérité sur la façon de traiter la question du trafic de drogues ? Un gros manque d’humilité, non ?