La croix brisée, Sylvia Da Luz, Alba Capella éditions – Voyage dans l’histoire et l’imaginaire
Aujourd’hui, je vous parle de « La croix brisée » de Sylvia Da Cruz, une fiction surnaturelle pour les pré-adolescents.
Mon appréciation : ♥♥♥♥ / 5
Ma chronique sur Babelio : Sarah est un peu la mascotte de sa bande, la seule fille au milieu d’un groupe de préadolescents blancs. Ils vivent dans une banlieue de Lisbonne, où cohabitent, en tentant de s’ignorer, les plus riches et les plus pauvres, ces derniers issus de la colonisation portugaise en Afrique.
Au cours d’un jeu, la bande se trouve confrontée à deux nouveautés : l’un des leurs semble être tombé amoureux de Nattat, une descendante d’esclaves ; un vallon s’est creusé au milieu de leur terrain favori. Ils y chutent comme on replonge dans son passé.
L’autrice nous entraîne dans un tourbillon historique. On plonge du XXème siècle directement dans des temps indéterminés où les monstres dominent. On rebondit au XVème siècle avec Vasco de Gama et la découverte des Indes. On quitte Gibraltar pour rejoindre les côtes indiennes en deux coups de vent. On y affronte les divinités hindous avant de revenir, dans la transparence, au point de départ.
Une petite bande aux prises avec des aventures fantastiques, donc. Mais aussi (et surtout ?) une réflexion sur l’amitié et l’amour, l’ouverture d’esprit et la tolérance, la place des femmes dans les sociétés, le regard à porter sur nos histoires colonialistes, etc.
J’ai bien aimé le regard que Sylvia Da Luz porte sur l’humanité : les doutes et les questions des uns ; les ambiguïtés des autres : les non-dits. Je suis juste un peu plus réservé sur le rôle qu’elle fait jouer à la religion (le trop gentil Bartolomeo) et aux dieux (qui finalement détiendraient la clé de la rédemption ?)
Une dernière petite critique, peut-être pas complètement fondée : il me semble que ce livre a été écrit pour un jeune public ; je trouve que le contexte historico-imaginaire est un peu trop complexe. Mais c’est peut-être parce que je cherche trop à rationnaliser ?
Quelques mots sur l’écriture. Un livre bien rythmé, avec des chapitres ni trop longs ni trop courts. Une lecture facile, pas perturbée par des recherches de style. Seuls quelques mots de vocabulaire historique ou ésotérique peuvent perturber ; mais peut-être faut-il « accepter qu’on ne sache pas les définir » ? (citation de Pierre Raufast, lors d’une rencontre chez Babelio)
Je remercie Babelio et les éditions Alba Capella de m’avoir fait découvrir ce roman et son autrice.