Betty, Tiffany McDaniel, Gallmeister – un coup de coeur !
Ma chronique sur Babelio : Betty est née dans une famille pauvre et métissée. Son père est un indien cherokee, sa mère la fille de petits paysans blancs. La famille compte 6 enfants, tous très différents ; deux autres sont décédés très tôt. Après une errance d’état en état, de petit boulot en petit boulot, ils sont revenus s’installer dans la région natale des parents, au sud de l’Ohio, dans une vieille bicoque qu’ils retapent progressivement.
La famille vit un peu à l’écart de la société, mais les qualités d’herboriste du père sont reconnues, ce qui leur permet de survivre. Cette activité les conduits à vivre près de la nature, avec la tête un peu dans les étoiles, tant le père aime raconter et inventer de vieilles légendes indiennes.
Leur principal lien social est l’école, mais Betty, qui a hérité de la teinte de peau de son père, y est harcelée. C’est un peu le déclencheur qui marque la fin de l’innocence et va ensuite lui faire découvrir les vicissitudes et les violences cachées de cette vie à la campagne…
Je crois que ce qui a fait, pour moi, de ce livre un coup de cœur, c’est une l’opposition entre le style et les événements qui structurent la narration.
L’écriture est ronde, lente, douce, poétique, envoutante… Combinée aux histoires que raconte le père, elle invite à la rêverie, à l’évasion.
Si l’on met de coté les liens familiaux, étroits et chaleureux, et la relation de la famille à la nature, le fond du livre est extrêmement violent : les discriminations que subit la famille, l’agression du père par ses collègues de travail, et ce n’est qu’un tout petit début… Il y a une sorte d’engrenage qui se met en place et qui broie progressivement presque tous les membres du clan.
Betty est pour moi l’égal des meilleurs romans de Steinbeck (Les raisins de la colère, Les naufragés de l’autocar) ou de Caldwell (La route au tabac, Le petit arpent du bon dieu). Pour l’apprécier pleinement, je ne l’ai pas lu d’une traite. J’ai pris le temps, un petit mois, de le déguster et de le digérer avec lenteur.
Un cou de cœur, vous dis-je !