L’arbre monde, Richard Powers, Cherche Midi/10-18 – Brillant hommage aux arbres !
Ma chronique sur Babelio : Nicholas, Mimi, Adam, Ray et Dorothy, Douglas, Neelay, Patricia, Olivia : neuf débuts de vie plus ou moins proches de la nature et des arbres, au cours du vingtième siècle. La lutte contre la surexploitation forestière et pour la préservation des forêts primaires réunira cinq d’entre eux : des actions non violentes, brutalement réprimées, qui déboucheront sur la violence, jusqu’au drame.
Mais la vie ne s’arrête pas là. Chacun, ou presque, continuera son bout de chemin, toujours plus ou moins marqué par les arbres, jusqu’à ce que les erreurs du passé ne rattrapent certains d’entre eux…
Un livre dont l’arbre est l’acteur principal, le héros ! Sans doute pas une première en littérature adulte (je pense par exemple à L’homme qui plantait des arbres de Jean Giono), mais pas loin…
Dans un style rédactionnel et avec des options narratives très différents, on pense immanquablement à Le gang de la clé à molette d’Edward Abbey : un sujet en danger (le désert pour l’un, les grands arbres pour l’autre) ; un groupe d’individus plus ou moins liés qui agissent, ou croient agir, pour sa sauvegarde, en n’hésitant pas pour cela à basculer dans la violence.
J’arrêterai là la comparaison, car il y a aussi de notables différences. La forme narrative, le style d’écriture et le vocabulaire d’Abbey donnent à l’épopée de son gang un côté Don Quichotte un peu loufoque. Powers reste dans un registre plus classique : il raconte des vies, qui vont ou pas se croiser, autour d’un même thème, l’arbre en tant qu’être vivant indispensable au maintien de la vie sur Terre. Ses personnages, avec leurs fractures, nous paraissent beaucoup plus proches de nous. Leur histoire pourrait presque être celle d’un parent ou d’un voisin.
Roman ou récits de fiction ? Peu importe ! L’essentiel est dans le message écologique porté, et en miroir, dans la vanité de certains aspects des modes de vie du vingt-et-unième siècle. Un essentiel qui ne se laisse pas toujours capturé facilement : il faut prendre le temps de la lecture et de l’assimilation. Cela n’est pas instantané, mais le plaisir de lecture est bien réel.
Un hommage brillant aux arbres, à déguster en prenant son temps.