Humanité et Biodiversité – L’Anses annonce le retrait de 36 produits à base de glyphosate
L’Anses annonce le retrait de 36 produits à base de glyphosate
Extrait de www.anses.fr
« Suite à la réapprobation pour cinq ans (la France avait demandé un délai de 3 ans, lors du renouvellement par l’UE en 2017) de la substance active par l’Union européenne en 2017, l’Anses procède au réexamen des autorisations de mise sur le marché des produits à base de glyphosate commercialisés en France et a lancé une évaluation comparative avec les alternatives disponibles. Sans attendre la fin du processus en cours, l’Agence a notifié le retrait des autorisations de 36 produits à base de glyphosate et le refus d’autoriser 4 nouveaux produits, les données fournies par les industriels ne permettant pas de statuer sur leur éventuelle génotoxicité (une substance ou un rayonnement sont dits génotoxiques quand ils peuvent compromettre l’intégrité physique ou fonctionnelle du génome). Ces produits représentaient en 2018 près des trois quarts des tonnages de produits à base de glyphosate vendus en France, pour des usages agricoles et non agricoles.
L’évaluation, au niveau de chaque Etat membre européen, des dossiers de demande d’autorisation déposés par les entreprises souhaitant renouveler ou obtenir une mise sur le marché de produits phytosanitaires, intervient dans un cadre défini par l’Union européenne.
S’agissant du glyphosate, ce cadre a été spécifiquement renforcé en 2017 suite à la réévaluation de la substance active, avec davantage d’exigences impliquant la fourniture de données supplémentaires concernant les risques pour la santé et l’environnement, notamment en matière de génotoxicité de l’ensemble des composants des produits à base de glyphosate. Ces nouvelles dispositions requièrent des études spécifiques menées selon des méthodes standardisées et robustes.
Actuellement, 69 produits à base de glyphosate sont disponibles sur le marché en France et ont fait l’objet d’une demande de renouvellement de leur autorisation. Par décision de l’Anses, 36 de ces produits vont être retirés du marché et ne pourront plus être utilisés à compter de fin 2020, en raison de l’insuffisance ou de l’absence de données scientifiques permettant d’écarter tout risque génotoxique.
Par ailleurs, et pour des raisons identiques, l’Agence a notifié une décision négative pour 4 des 11 nouvelles demandes d’autorisation déposées depuis janvier 2018 et en cours d’examen.
L’Anses poursuit l’examen des demandes d’autorisation et de réautorisation de produits à base de glyphosate et, comme elle l’a annoncé en novembre 2018, procèdera également à une évaluation comparative avec les alternatives non chimiques disponibles.
Seuls les produits à base de glyphosate répondant aux critères d’efficacité et de sécurité définis au niveau européen pour les usages revendiqués, et ne pouvant pas être substitués de façon satisfaisante, bénéficieront in fine de l’accès au marché français. L’ensemble du processus d’évaluation sera finalisé d’ici le 31 décembre 2020. »
La position d’Humanité et Biodiversité
Ce travail rigoureux est indispensable pour éviter les propos « incertains » sur les produits à base de glyphosate. Cette molécule est l’objet de toutes les attaques d’opinion, le « rouge-orange » des champs, elle doit donc être évaluée sans concession.
En France, un plan a été élaboré pour sortir de l’utilisation du glyphosate d’ici le 1er juillet 2021 (après une bataille parlementaire violente où le gouvernement n’a pas voulu inscrire l’interdiction dans la loi). Son suivi montre que les changements sont lents. D’autant que les conditions économiques d’un changement de pratique pour les agriculteurs sont conséquentes.
En même temps que l’examen des demandes d’autorisation et de ré-autorisation, l’Anses procède également à une évaluation comparative avec les alternatives non chimiques disponibles. « Seuls les produits à base de glyphosate répondant aux critères d’efficacité et de sécurité définis au niveau européen pour les usages revendiqués, et ne pouvant pas être substitués de façon satisfaisante, bénéficieront in fine de l’accès au marché français », rappelle-t-elle. Le processus d’évaluation de l’Anses doit être finalisé d’ici le 31 décembre 2020.
Les travaux de l’ANSES ne suffiront probablement pas à rassurer certains riverains des champs ou des vergers (comment rendre accessibles, voir compréhensibles, aux citoyens les travaux de l’ANSES ?), dans l’attente d’un nouvel arrêté sur les distances et conditions d’épandage nous rappelons nos propositions lors de la consultation :
« Il convient tout d’abord de rappeler que, par essence, les produits phytosanitaires, qu’ils soient « naturels » ou de synthèse, sont pour la plupart des biocides, et donc, que, indépendamment de leurs impacts sur la santé humaine, ils ont, directement ou indirectement, un fort impact sur la biodiversité.
A ce titre, l’objectif de restreindre leur usage, ainsi que celui des autres biocides pouvant être disséminés dans l’environnement (certains médicaments vétérinaires, désinfectants, produits de protection divers) aux situations pour lesquelles il n’y a pas d’alternatives techniquement et économiquement utilisables doit demeurer au centre des politiques publiques.
De même, nous considérons que les distances de sécurité qui seraient définies doivent s’appliquer non seulement aux zones habitées mais aussi aux espaces naturels protégés (réserves naturelles, cœur de parc nationaux, …). »
Plus d’infos : https://www.anses.fr/fr/content/l%E2%80%99anses-annonce-le-retr