Humanité et Biodiversité – Un conte spatial…
Conjuguer astrophysique et développement durable : voilà pourquoi je suis fan de Hubert Reeves depuis plus de 30 ans…
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… signé Hubert Reeves.
Aujourd’hui, un grand quotidien économique, « Les Echos », a choisi de consacrer l’ensemble de ses pages – ou presque ! – à la thématique de la durabilité. Cette thématique peut s’illustrer par la juxtaposition de deux phénomènes concomitants. De leur confrontation naissent de précieux sujets de réflexion.
Premier phénomène : un des principaux programmes scientifiques de la période actuelle consiste à explorer notre voisinage galactique pour y trouver des planètes en orbite autour d’étoiles voisines de la nôtre. Ce sont les fameuses exoplanètes. Nous en connaissons déjà plusieurs milliers.
Cette exploration se joint à une interrogation millénaire de l’humanité : sommes-nous tous seuls dans l’univers ? Y a-t-il de la vie ailleurs ? Et plus spécifiquement : y a-t-il de la vie intelligente ? Des civilisations qui, comme la nôtre, auraient découvert la physique nucléaire, développé des moyens de communication à grande distance, etc.
Examen de passage
Et maintenant, le second phénomène, contemporain du premier : nous avons pris conscience que, par notre activité, nous mettons gravement en péril notre propre existence sur la Terre. Nul ne sait si nous pourrons encore habiter celle-ci dans quelques décennies.
Cette crise se traduit notamment par la perte de biodiversité, laquelle est devenue si prononcée, et si rapide, qu’elle est comparable aux cinq grandes extinctions qui ont marqué le passé géologique de la Terre – raison pour laquelle on parle à son sujet de « sixième extinction ».
Mais la perte de biodiversité n’est pas la seule menace. La guerre nucléaire en est une autre. Nous sommes passés bien près d’une hécatombe durant la guerre froide lors de la seconde moitié du XXe siècle.
Cette crise que nous traversons en ce moment, nous pouvons la considérer comme un « examen de passage » que toute civilisation qui se développerait sur une planète aurait à passer à un moment ou à un autre de son développement. Un examen dont l’énoncé pourrait être formulé ainsi : parviendrez-vous à coexister avec votre propre puissance et à ne pas vous auto-éliminer ?
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Balade dans le cosmos
Dans ce contexte, imaginons maintenant un petit conte. Figurons-nous que nous sommes embarqués dans un vaisseau spatial à la visite de ces exoplanètes ayant vu fleurir non seulement des formes de vie mais des formes de vie intelligentes, ayant développé des civilisations. Et supposons, pour le plaisir de la discussion, que ces civilisations extraterrestres sont nombreuses.
On trouverait, en se baladant dans le cosmos, deux cas de figure, deux types d’exoplanètes. D’une part, celles des êtres qui auraient réussi à passer cet examen dont je parlais. Des exoplanètes vertes, où les « exo-humains » auraient vu se poursuivre l’imagination créatrice des « exo-artistes », dans la foulée des « exo-Mozart » et des « exo-Van Gogh ».
D’autre part, les exoplanètes dont les habitants auraient échoué à leur examen de passage civilisationnel. Elles seraient couvertes de débris radioactifs. Devenues inhabitables. Mais nous ferions bien de ne pas détourner nos regards. Car ce seraient pour nous de bons exemples de ce qui nous attend si nous ne changeons pas nos comportements.
Source et vignette Les ECHOS avec l’aimable autorisation de la rédaction.