16 juillet 2019 ~ 0 Commentaire

Démocratie Vivante – Réformes des retraites oui, mais… (Tribune dans Les Echos)

DelevoyPar Jacky Bontems (vice-président de Démocratie Vivante), Aude De Castet(vice-présidente de Démocratie Vivante), Dominique Villemot (Président du think-tank Démocratie Vivante)
Publié le 15/07 à 07h01

La réforme des retraites constitue probablement la réforme la plus importante du quinquennat d’Emmanuel Macron. Elle a fait l’objet d’une concertation préalable approfondie menée par le haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye , qui doit remettre son rapport le 18 juillet.

Il est déjà acquis que la réforme envisagée reposera sur un régime de répartition public et universel. La technique retenue est celle d’un régime par points, comme cela existe déjà pour certains régimes complémentaires, comme  l’Agirc-Arrco.

Une telle réforme répond à deux grandes préoccupations. La première est celle de  l’équité . Tout le monde sera traité à la même enseigne, alors qu’il existe aujourd’hui 42 régimes différents, créant de grandes inégalités face à la retraite. Bien entendu il restera des spécificités ; ainsi les indépendants ne pourront pas être complètement alignés sur les salariés, par exemple. La seconde motivation est de faciliter la  mobilité professionnelle . Dans une société en perpétuel changement, il n’est plus possible d’exercer le même métier durant toute sa carrière. Or, les changements de métier entraînent aujourd’hui des changements de régime de retraite qui ne se combinent pas de manière harmonieuse ; les poly-pensionnés en savent quelque chose.

Plusieurs engagements à tenir

Mais pour qu’une réforme réussisse il faut qu’elle soit acceptée par les Français. Il faut donc qu’elle ne soit pas perçue comme une régression sociale. Premièrement, la fonction redistributive de notre système de retraite doit être réaffirmée. Il faudra maintenir et harmoniser les prestations de solidarité (pénibilité, carrières longues, avantages familiaux et conjugaux, accidents de carrière) et  augmenter progressivement le minimum de pension jusqu’au niveau du SMIC (le porter à 85 % du SMIC est un progrès non négligeable, mais il faudra aller au-delà).

Il faudra aussi, même si cela ne relève pas de l’assurance-vieillesse, revaloriser les salaires des fonctionnaires ne percevant pas de primes ou des primes très faibles, comme les enseignants, afin que la réforme ne les pénalise pas.

Deuxièmement l’engagement d’Emmanuel Macron de ne pas toucher à l’âge légal de 62 ans devra être respecté. Il ne faut pas se faire d’illusion : instaurer un âge pivot, à 64 ans par exemple, pour percevoir une pension sans décote reviendrait en substance à ne pas respecter cet engagement. Il faut noter de plus qu’accélérer dès 2020 le passage à 43 annuités de cotisations pour pouvoir bénéficier d’une pension à taux plein dans le régime actuel constituerait un mauvais signal politique à un moment où 47 % des Français sont hostiles à la réforme des retraites, selon un sondage Elabe paru dans « Les Echos ».

Troisièmement, il faut augmenter l’emploi des seniors. C’est comme cela que l’on évitera d’avoir à créer un âge pivot, car une augmentation de l’emploi des seniors générera des cotisations sociales et des recettes fiscales supplémentaires. Il faut donc instaurer un droit à l’aménagement des fins de carrière (retraites progressives, mécénat de compétences seniors, suppression des obstacles à l’emploi de seniors). Quatrièmement, la bonne acceptation de la réforme implique d’accorder une place déterminante aux partenaires sociaux dans la future gouvernance du régime (pilotage et détermination de la valeur du point).

Le projet d’Emmanuel Macron présente le grand avantage de l’équité : tous les Français seront traités de la même manière. Mais il ne faudrait pas que les  contraintes budgétaires la transforment en un sujet anxiogène et donc impopulaire.

 

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