L’ennui avec les fous, dont le délire est parfois distrayant, c’est qu’ils peuvent passer à l’acte. Leurs décisions peuvent alors aboutir à des situations tout aussi folles. Ainsi de Donald Trump, ce Folamour peroxydé qui se promène depuis des mois dans la poudrière du Moyen-Orient avec une torche. Il arrivera un moment où l’explosion surviendra.
Point de morale dans cet affrontement Iran-Etats-Unis, point de bons et de méchants. Le régime obscurantiste de Téhéran maintient son peuple sous une chape intégriste, attise les conflits dans la région, soutient à bout de bras le tortionnaire Al-Assad, encourage les plus extrêmes des ennemis d’Israël, envenime la guerre du Yémen. Mais à moins d’envoyer des divisions blindées à Téhéran pour imposer un changement de régime, c’est-à-dire de répéter les folies de la deuxième guerre d’Irak contre Saddam, il faut bien faire avec. C’est ainsi qu’armés d’un sain réalisme, des personnages aussi naïfs et irresponsables qu’Angela Merkel, François Hollande ou Barack Obama, avaient négocié au couteau un accord nucléaire aux termes duquel l’Iran renonçait à se doter de l’arme atomique en échange d’une levée des sanctions. Contrôlé par des instances internationales crédibles, cet accord avait été respecté par l’Iran jusqu’à une date récente, alors même qu’il était, après tout, déséquilibré, puisque des puissances qui jugent normal de détenir l’arme nucléaire, les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, interdisaient à une autre de s’en munir.
Arrive Trump, qui déchire le traité et prescrit à ses alliés de se ranger derrière lui pour sanctionner une nouvelle fois l’Iran, qu’ils le veuillent ou non. S’ensuit une escalade verbale, puis militaire, qui porte à son maximum la tension dans une région déjà déchirée par les conflits. Avec quelles conséquences ? Un affaiblissement de la partie modérée du pouvoir iranien, un cadeau politique fait aux plus fanatiques des mollahs, une montée aux extrêmes dans l’insulte et la dénonciation qui rend de plus en plus difficile la recherche d’un compromis. Et désormais un risque de guerre, dont Trump lui-même envisage froidement l’éclatement en promettant qu’elle serait courte. Comme si un Iran bombardé et humilié pouvait soudain devenir moins dangereux pour ses voisins et pour les Occidentaux en général. Vaste pays puissant et de longue expérience, l’Iran a montré au moment de la guerre contre l’armée de Saddam Hussein sa capacité de mobilisation, son acceptation du sacrifice, sa résilience face à des ennemis en principe plus puissants.
Le point s’approche où tout retour en arrière, toute concession, sera vécu par les parties en présence comme une insupportable perte de face. C’est ainsi que commencent les guerres. En temps ordinaire, on soigne les déséquilibrés ou, à défaut, on les isole. L’ennui avec celui-là, c’est qu’il est aussi le commandant en chef de la première armée du monde, qui détient une supériorité technique sans équivalent dans l’histoire depuis l’Empire romain. Il faut donc, malheureusement, se préparer au pire.