Démocratie Vivante – Infolettre n°81
Démocratie Vivante a pour objet d’être un espace de réflexion et une force de propositions sur les réformes que le quinquennat d’Emmanuel Macron doit permettre de réaliser pour faire avancer la France et l’Europe sur la voie de la rénovation démocratique, de la justice sociale et du progrès partagé.
Sujets traités :
- POLITIQUE - LA FRANCE EN COLERE, LA FRANCE INSOUMISE ET LE FRONT NATIONAL
- EUROPE - LA FUSION ALSTOM/SIEMENS MENACEE ?
- ECONOMIE - L’ENDETTEMENT MONDIAL PRIVE ET PUBLIC A ATTEINT 225% DU PIB MONDIAL
- DEVELOPPEMENT DURABLE - LA NOUVELLE PRIME A LA CONVERSION EST ENTREE EN VIGUEUR
- FISCALITE - LE PRELEVEMENT A LA SOURCE DE L’IMPOT SUR LE REVENU EST ENTRE EN VIGUEUR
La lettre complète :
POLITIQUE
LA FRANCE EN COLERE, LA FRANCE INSOUMISE ET LE FRONT NATIONAL
L’immense majorité des « gilets jaunes » sont des Français qui éprouvent de la difficulté pour joindre les deux bouts et finir leur fin de mois. Ils demandent plus de pouvoir d’achat et moins d’impôts car ils ont dû faire des efforts suite à la crise financière et à la crise de la zone euro durant les quinquennats de Nicolas Sarkozy et de François Hollande. La situation politique, économique et budgétaire s’étant nettement améliorée depuis 2017, ils veulent désormais leur part du gâteau. On ne peut pas leur en vouloir. Ces demandes sont légitimes, même si ces manifestations ont eu un impact très négatif sur le commerce, affectant des petits commerçants et entrainant pour les salariés du chômage partiel et parfois même des licenciements économiques. Initialement Emmanuel Macron avait prévu de rendre du pouvoir d’achat aux ménages de manière progressive durant le quinquennat tout en poursuivant l’ajustement compétitif engagé sous François Hollande (poursuite de la réduction du déficit budgétaire et de la baisse des prélèvements sur le travail et le capital). Les « gilets jaunes » l’ont obligé à avancer le calendrier de la redistribution du pouvoir d’achat. Il va falloir maintenant gérer l’ajustement afin d’éviter que la compétitivité de notre pays ne se dégrade à nouveau, ce qui signifierait, à terme, que le pouvoir d’achat distribué bénéficie principalement aux économies avec qui nous sommes en compétition (Allemagne, Chine).
Mais la minorité agissante des « gilets jaunes », qui s’est baptisée « la France en colère », menée par Eric Drouet et Priscillia Ludovsky, tient des propos insurrectionnels, demande la démission d’Emmanuel Macron et organise des effractions dans les bâtiments publics, comme celui du porte-parolat où siège le secrétaire d’Etat Benjamin Griveaux. Et cela parce que ce dernier avait qualifié avec raison d’insurrectionnel cette minorité agissante. La France en colère veut se croire en 1789, souhaite la révolution et le départ du chef de l’Etat. Elle reprend les thèmes développés par la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon qui a régulièrement appelé à l’insurrection sociale contre le chef de l’Etat. En exprimantsa « fascination » à l’égard d’Eric Drouet, Jean-Luc Mélenchon est logique avec lui-même, mais s’éloigne un peu plus de la République. On ne peut que souscrire aux paroles du Rachid Temal, sénateur socialiste, qui, parlant d’Eric Drouet, évoque un »personnage sulfureux ». Car non contents de prôner l’insurrection contre la République et un pouvoir élu démocratiquement, non contents de rouer de coups des policiers, non contents de provoquer la police pour se faire interpeler, les militants de la France en colère diffusent des messages racistes et antisémites. En marchant contre l’Assemblée nationale, ce n’est pas à 1789 que nous font penser les militants de la France en colère, mais au 6 février 1934 ou à la marche sur Rome de Mussolini en 1923. Et le grand gagnant est le Front national, comme le montrent les sondages. Eric Drouet réussit à faire la synthèse entre la France insoumise et le Front national.
Toutes celles et tous ceux qui ne veulent pas d’une coalition à l’italienne au pouvoir, qui ne veulent pas d’un gouvernement où siègeraient Marine Le Pen, Nicolas Dupont Aignan, Eric Drouet et Jean-Luc Mélenchon doivent se rassembler pour défendre la République et ses institutions et oublier un instant leurs différences. La République et la démocratie sont en danger.
EUROPE
LA FUSION ALSTOM/SIEMENS MENACEE ?
Le rapprochement annoncé en septembre 2017 entre Alstom et la branche transport de Siemens pour donner naissance à un géant franco-allemand du ferroviaire risque fort de ne jamais avoir lieu. L’union entre les deux groupes ne peut se faire sans l’aval de la direction générale de la concurrence de la Commission européenne, et au fur et à mesure que les mois passent, les réticences de la Commissaire chargée du dossier, Margrethe Vestager, ou en tout cas de son équipe, sont de plus en en plus visibles. Au point que le scénario d’un veto semble désormais le plus probable. L’opération consiste à créer un champion européen capable de résister à CRRC : le conglomérat chinois pèse d’ores et déjà 30 milliards d’euros de chiffres d’affaires (soit 4 fois plus qu’Alstom), et ne cache pas son ambition de conquérir la planète. Mais l’argument ne semble pas trouver grâce aux yeux de la DG concurrence, car la présence de CRRC en Europe reste marginale. A l’inverse, Siemens et Alstom y sont très bien implantés, et leur union, dans de nombreux pays, déboucherait sur des positions dominantes sur plusieurs segments de marchés (trains à grande vitesse, signalisation…).
ECONOMIE
L’ENDETTEMENT MONDIAL PRIVE ET PUBLIC A ATTEINT 225% DU PIB MONDIAL
Le Fonds monétaire international (FMI) révèle que l’endettement global (public et privé) des 190 pays qu’il observe a atteint la somme de 184.000 milliards de dollars à la fin de l’année 2017. C’est l’équivalent de 225 % du Produit Intérieur Brut (PIB) de ces quelque 200 pays. En moyenne, la dette mondiale dépasse maintenant 86.000 dollars par habitant, soit plus de deux fois et demi le revenu moyen par habitant. Le secteur privé dont l’endettement a triplé depuis 1950 constitue le moteur principal du gonflement de la dette mondiale. Au total, les trois principaux emprunteurs dans le monde – les Etats-Unis, la Chine et le Japon – représentent plus de la moitié de la dette mondiale, dépassant leur part de la production mondiale.
DEVELOPPEMENT DURABLE
LA NOUVELLE PRIME A LA CONVERSION EST ENTREE EN VIGUEUR
C’était l’une des premières annonces du gouvernement pour tenter d’apaiser la colère des gilets jaunes. Cela n’avait pas suffi, mais elle entre bien en application en ce début d’année : la nouvelle prime à la conversion pour les voitures polluantes. Pour bénéficier de cette prime il faut que la nouvelle voiture respecte certains critères verts. Ils sont désormais plus contraignants : le nouveau véhicule doit émettre moins de 122 g de CO2 par kilomètre, contre moins de 130 auparavant. Surtout, la prime est très largement augmentée pour les ménages modestes. Elle devient presque progressive. Les foyers imposables auront droit à une prime de 1000 euros, les non-imposables 2000 euros et ça sera même 4000 euros pour les 20 % les plus modestes. Il y a bien sûr des cas spéciaux. Si la nouvelle voiture est hybride, la prime des foyers non-imposables passe à 2500 euros. Si la nouvelle voiture est électrique, la prime pour les 20 % des plus modestes passe à 5000 euros. Et pour les non-imposables qui ne sont pas dans les 20 % les plus modestes, mais qui font plus de 60 km par jour pour travailler, la prime passe à 4000 euros.
FISCALITE
LE PRELEVEMENT A LA SOURCE DE L’IMPOT SUR LE REVENU EST ENTRE EN VIGUEUR
Près de quatre foyers fiscaux sur dix ont été soumisdès le 2 janvier au prélèvement à la source (PAS), d’après le ministère de l’Action et des comptes publics. Quelque 15 millions de retraités du privé ont ainsi vu leurs pensions complémentaire Agirc-Arrco prélevées, ainsi que 280.000 anciens de la SNCF et 722.000 bénéficiaires de pensions d’invalidité. Des chômeurs ont également vu leurs allocations ponctionnées. Gérald Darmanin a précisé que les Français se sont emparés des possibilités de changer de taux. Pas moins de 57.000 Français ont demandé et obtenu un changement de taux le premier jour de mise en œuvre de la réforme, dont 17.000 à la hausse (pour éviter d’avoir à payer une régularisation plus tard) et 40.000 à la baisse. Parmi ceux-ci, 6000 ont pu réduire leur prélèvement à zéro. « Dans le système ancien, ils auraient dû attendre un an pour pouvoir le faire », a ajouté Gérald Darmanin. Les centres des impôts ont été débordés par les questions des contribuables qui découvrent le prélèvement à la source.