Les Charognards – poème
Allez savoir pourquoi, en rentrant de mon jogging matinal, j’ai eu envie d’écrire un poème sur les migrants (ou les réfugiés, c’est comme on veut, c’est la même chose). Sans doute parce que c’est un sujet très douloureux, plus pour eux que pour moi, sans doute, mais quand même…
Ensuite j’ai eu envie de plagier Baudelaire, « Une charogne » et « L’albatros » notamment ; là je sais pourquoi : « Les fleurs du mal » sont posées à côté de mon ordinateur.
Enfin je voulais en faire un sonnet, mais il y avait trop à dire pour que ça tienne en 14 vers de 12 pieds. Alors j’ai improvisé la forme, en abandonnant la rime…
Fontenay-aux-Roses, Le 25 juin 2018
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Les charognards
(l’homme est un loup pour l’homme)
A l’orée du désert, la bande de vautours,
Installée sur les branches du squelette d’un arbre
Attentivement guette le cri de l’éclaireur
Qui surveille la proie égarée sur le sable.
Séparé du troupeau par l’assaut des coyotes ,
Le jeune faon hésite, errant de dune en dune :
Continuer ainsi, sous un soleil de plomb,
C’est la mort assurée, se livrer aux vautours.
Tenir jusqu’à la nuit, c’est finir moribond,
Aux portes du désert, sous les dents des chacals.
S’élancer au plus vite, vers le proche point d’eau
C’est jouer à pile ou face : si les vieux chefs cornus
Ont rassemblé la troupe, la survie sera là.
Sinon, coyote attend, et la mort avec lui.
Ce jeune faon perdu, il ressemble aux migrants.
Mais son triste avenir paraîtrait presque enviable
Au réfugiés qui frappent aux portes du pays.
Avant même qu’ils fuient, les vautours étaient là,
Princes de la finance, papes de l’industrie,
Venus s’approprier les richesses du pays.
Chassés par la misère, la guerre, l’injustice,
Vers l’inconnu partis, vers un monde meilleurs,
Au-delà du danger, au-delà de la peur.
Mais les rapaces veillent : migrer est un business
Où l’offre ne peut croître au rythme des demandes.
Le prix des billets grimpent. D’aucuns cherchent richesse.
Et meurent les migrants, en mers et océans.
Chacals d’extrême-droite, coyotes populistes,
Chassent le faon migrant, aux frontières d’Europe,
Sous couvert d’élections, de sondages, d’incidents.
L’égoïsme l’emporte, la compassion n’est plus.
J’ai honte !