Objectif New York : Jour J – récit complet
Le marathon de New York, ça commence par une longue attente, puisque, venant de Manhattan, il faut passer le pont Verrazano avant qu’il ne ferme, vers 7h. Pour moi, dont le départ est à 10h15, ça fait donc trois longues heures d’attentes.
L’accès à la zone de départ, un campus militaire, est très sécurisé : beaucoup de policiers, de militaires, de véhicules militaires. Mais les contrôles ne sont pas tatillons : vérification du dossard et contrôle plutôt rapide des sacs. On sent qu’ils sont sur leurs gardes, suite au dernier attentat, mais pas devenus paranoïaques.
Heureusement, il ne fait pas froid (quatorze degrés d’après mon iPhone ; il y a sept ans, c’était à peine deux ou trois ), et il ne pleut pas encore. Je peux donc me trouver un coin un peu abrité, pour lire ou somnoler, allongé sur une couverture de survie qui ne me quittera pas avant la ligne de départ. Ne pas oublier de s’hydrater, beaucoup (ce qui occasionne quelques aller-retours aux toilettes), et de s’alimenter, un peu.
Quand la première vague de coureurs se prépare à partir, la pression monte ; je pars avec la suivante. Il est temps de se mettre en tenue de course, de déposer le sac au camion UPS qui va l’apporter à l’arrivée, et de rejoindre le sas de départ.
Lorsque la première vague est partie, nous marchons tranquillement quelques centaines de mètres jusqu’à la ligne de départ. J’abandonne le dernier sweat dans un bac de collecte, ne gardant que la couverture de survie sur les épaules, pour me protéger de la bruine qui commence à nous humecter.
La foule des Coureurs avant le départ
10h10 : Sinatra chante « NexwYork », suivi de l’hymne américain, a capella par un marathonien chanteur (inconnu), et c’est le coup de canon libérateur.On commence par monter le pont Verrazano, un faux plat bien marqué, d’un kilomètre et demi, qui nous fait primper de soixante mètres environ. Ensuite c’est la descente vers Brooklyn.
Pas de spectateurs sur le pont, mais une ambiance de folie quand même ! Le pont, ce sont deux chaussées superposées, de deux fois quatre voies chacune. Trois départs simultanés, sur trois fois quatre fois. Sur la quatrième, réservée aux véhicules de sécurité et de secours, quelques petits groupes d’agents de la voirie, qui hurlent au passage des coureurs. Et vous imaginez, trois pelotons de plusieurs milliers de coureurs qui répondent ?
Arrivé à Brooklyn, petite inquiétude : peu de spectateurs. Conséquence du dernier attentat ? Je suis rassuré deux kilomètres plus loin, lorsqu’on entre réellement dans les zones habitées : la foule est là, et bien là ! Elle ne nous quittera quasiment plus jusqu’à l’arrivée.
Comme la météo est plutôt du coté des coureurs, température stable autour de quinze degrés et petite bruine qui rafraichit, les conditions sont réunies pour un bon marathon.
Jusqu’à l’arrivée, nous serons accompagnés, tous les deux ou trois kilomètres, par des groupes de rock, de soul ou de techno, des fanfares, des chorales … Ambiance !
Traversée de Brooklyn jusqu’au Queens par une longue, très longue, ligne droite, bordée de spectateurs. Les trois pelotons se rejoignent vers le 12ème kilomètre. Dans le Queens, le parcours est un peu plus sinueux, jusqu’au pont Queensboro qui va nous conduire à Manhattan. Le parcours n’est pas si plat : de nombreux légers faux plats …
Je suis bien en jambe, parti un peu vite, comme d’habitute. Au huitème kilomètre, j’ai dépassé un jeune handicapé bordelais, rencontré à l’hôtel. Petite tape sur l’épaule pour l’encourager. Au chapitre des étonnements, le grand nombre de handicapés sur le parcours, partis avant les autres, et qu’on rattarpe progressivement, identifiables au petit groupe de guides, vêtus de jaune, qui les accompagnent. Chapeau !
Jusqu’au pied du pont Queensboro, après le semi marathon, tout va bien. La montée du point, pas loin d’un kilomètre et d’une cinquantaine de mètres de dénivelé, est un peu laborieuse. Mais avec la descente ensuite, et surtout la foule énorme qui nous attend, à la sortie du pont, dans le trois-quarts de tour qui nous amène sur la 1ére Avenue, puis dans l’Avenue elle-même, je me refais une santé.
Sur le pont, le peloton avance sur deux voies. Sur la 1ère Avenue, quatre, cinq, et même parfois six voies sont à disposition des coureurs. Dans mon souvenir de 2010, j’avais l’impression de courir seul, sous les acclamations de deux rangs denses et continus de suporters. Je ne retrouve pas tout à fait cette sensation, mais les spectateurs me semblent encore plus nombreux.
J’ai rendez-vous avec Caroline à l’intersection de la 96ème Street ; je ne le verrai pas dans la foule. Elle me dira à l’arrivée ne m’avoir pas vu non plus …
Dans la deuxième partie de la 1ère Avenue, après le trentième kilomètre, je baisse un peu de rythme. RIen d’alarmant, c’est toujours comme ça dans ma façon de courir.
Un peu moins de spectateurs dans le Bronx, mais quand même plus que dans mon souvenir de 2010. Parcours là aussi un peu plus sinueux, et surtout pas plus plat !
Retour vers Manhattan et la mytique 5ème avenue. Ma vitesse continue à baisser légèrement, mais je passe le trente-cinquième kilomètre sans problème majeur.
J’ai de nouveau rendez-vous avec Caroline à l’intersection avec la 96ème Street. Je ne la vois pas au milieu d’une foule très dense ; elle si, elle me voit passer. Elle me dira plus tard qu’elle m’a trouvé plutôt dans un bon rythme.
C’est après, vers le trente-huitème kilomètre, à l’entrée dans Central Park, que je coince vraiment. J’alterne marche, notamment pour monter les bosses, et course, dans les descentes et sur le plat, jusqu’à Colombus Circus. Le panneau « Last 800m » me redonne un peu de souffle et je termine en courant.
4h et 56s à mon chrono. Un peu au dessus de l’objectif (moins de 4h) mais heureux !
Ensuite c’est l’interminable remontée de Central Parc, pour récupérer la médaille, la séance photo, attraper une cape pour se protéger de la pluie et du froid, boire un peu, récupérer le sac au camion UPS et remettre des habits secs.
Enfin, il faut rejoindre Caroline : je ne suis pas sorti dans la rue annoncée par le plan, et elle m’attend beaucoup plus loin encore là où on lui a dit que c’était l’unique sortie des coureurs … Après moultes échanges de SMS, nous nous retrouvons dans une entrée de métro.
Dans la rame, je prends un coup de vieux : une jeune femme me laisse sa place assise ! D’habitude, c’est moi qui me lève … Dans le métro, dans la rue, puis au bar, ce sont les »Congratulations » des gens qu’on croise. Une dame vient me demander de lui montrer la médaille … Bref, tout les new-yorkais participent à la fête. Très sympa !
Avant d’arriver à l’hôtel, arrêt dans un « food court » (un hall avec plusieurs stands de vente de nourriture – burgers, pizzas, sushis, etc. -, un bar, et des tables en libre service) pour boire une bière, et pour que Caroline puisse enfin déjeuner.
En résumé : toujours aussi magique, le marathon de New York :
- une foule énorme, sur tout le parcours, à quelques exceptions près. On est soutenu de bout en bout ; on en a parfois la chair de poule ! Les attentats n’ont pas tué ça !
- un parcours de légende, avec les ponts Verrazano et Queensboro, les longues lignes droites dans Brooklyn et le Queens, la remontée de la 1ère avenue vers le Bronx, puis le retour par la 5ème Avenue, le final dans Central Park. Pas facile, avec des montées sur les ponts, des faux plats, les bosses de Central Park, …
- puis le regard des passants quand on rentre à l’hôtel, qui viennent vous féliciter, demandent à voir la médaille, …
Bravo à toi. Objectif atteint. La bise à tous les deux.
Merci. Bises à tous les deux
Encore Bravo Michel
Merci Yannick.
super C.R bravo michel.
Merci Philippe